1 La sortie de cellule

……..

Vendredi 20h00

 

Je viens de recevoir l’ordre de conduire 1022 au supplice à 22h00. Cela faisait longtemps qu’une condamnation de ce type n’avait pas été validée par le Conseil. Il semble maintenant clair que le Président veut un exemple.

 

Je dois dire que devoir organiser et participer à cette punition humiliante m’excite. J’aime voir le regard du condamné quand je lui apprends qu’il n’y a plus de recours. Je me demande toujours ce que doivent être ses pensées pendant le transit vers le lieu de punition. J’aime sentir ses réactions quand je lui attache les mains dans le dos. Que fera-t-il lorsqu’il apercevra le lieu ou il va être exhibé, châtié, humilié, lorsqu’il va voir les liens, les chaines qui vont l’immobiliser, lorsqu’il découvrira les instruments exposés qui vont le faire souffrir ?

 

Les temps changent. 1022 sera le premier officier exposé sans pudeur avant son supplice. Son corps sera a disposition des spectateurs, un panneau autours du cou. Le sait-il ? que fera le public ? Je me le demande.

 

 

Vendredi 21h00

 

Je prépare les vêtements qu'il devra porter pendant le transit vers le lieu où il sera humilié et chatié

 

Je regarde ma montre. Il est l’heure d’aller le chercher.

 

Les escaliers, le couloir, les portes des cellules…cndm2b.jpg

 

J’ouvre la 12 et retrouve 1022, nu, cagoulé, enchainé conformément au niveau d’incarcération qui lui a été imposé. Il sent la porte s’ouvrir, son corps frémit mais il ne semble pas inquiet. Il doit penser que c’est l’heure de la promenade ou du repas.

 

Je défais ses chaines. Ses muscles semblent engourdis. Il a du mal à voir dans la lumière. Je lui demande calmement de sortir et de se mettre dans le couloir.  Il le fait, content de bouger un peu. J’aime voir son corps . Il n’a pas été trait depuis sa dernière séance de torture. Ses couilles semblent bien pleines.

 

Je sors les vêtements du sac devant lui et les pose par terre. Pense-t-il qu’il va être libéré ? Je lui demande de me regarder et lui annonce : « j’ai de mauvaises nouvelles pour toi ! ». J’ai l’impression de voir tout son corps se tendre. Il me répond faiblement « que voulez vous dire ? ».

 

Je le regarde, laisse passer un moment avant de lui asséner : « ton avocat et ta famille n’ont rien pu pour toi, ton appel est définitivement rejeté, ta condamnation est exécutoire. ». Il baisse la tête, semble un instant hésiter, prêt à tomber à genoux pour implorer, puis se reprend.

 

Je l’entends dire faiblement « c’est injuste, injuste, je suis innocent, je n’ai rien fait ! ». Je lui tape sur l’épaule. « Je n’ai pas à juger, je suis désolé, je ne fais qu’obéir, habilles toi ».

 

 

Vendredi 21h15

 

Il marche devant moi vers la voiture, l’esprit perdu dans des pensées que je ne connaitrais jamais. Il se demande sans doute comment il va supporter la morsure du fouet, la brulure de la cire, le travail de son corps par des mains expertes. Il ne sait pas encore qu’il sera le premier officier exhibé avant le supplice, châtié sans pudeur, et livré aux spectateurs. Jusqu’à présent, les officiers sont punis en huis clos, et seulement torse nus.

 

Nous roulons dans la nuit, son regard hagard essayant de suivre les lumières de la ville. D’un seul coup il semble inquiet : « où m’emmenez-vous ? Nous n’allons pas vers la caserne des officiers ? ».

 

Sans quitter la route des yeux, un sourire aux lèvres je lui réponds « nous allons au centre des punitions publiques »

 

« Je suis officier ! C’est impossible ! »

 

« Les règles ont changé, tu seras le premier à être traité publiquement ». Lui désignant la montre de la voiture : « tu seras mis au pilori à 22h, le Président veut un exemple. Il souhaite que tu sois exposé avant d’être châtié. »

 

« Il y a donc des spectateurs pour cela ? Les gens sont ignobles ! »

 

« Il faut donner des exemples à la population et lui fournir des exutoires. Le gouvernement a besoin de combattre l’esprit d’abandon. Il veut montrer aux proches et aux familles de ceux qui se battent que les poltrons, les traitres et les défaitistes son sévèrement traités. La presse te présente comme un officier qui a réussi à se planquer dans un bureau, qui appelle au défaitisme, et qui, par les informations qu’il a donné, a provoqué des pertes. Tu seras mis au pilori devant des journalistes, des familles et proches de nos soldats prisonniers. »

 

A ces mots, il blêmit. Je le vois hocher la tête et l’entend marmonner : « je n’ai pas mérité cela, je n’ai pas mérité cela. »

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